Ateliers d'artistes / Bruno

La cuisson est un instant primordial puisqu'après des heures de modelage, de tournage et de décors, l'accomplissement a lieu à cet instant. C'est dans le ventre du four que tout s'achève enfin.

La préparation est minutieuse. Le feu suit un parcours précis. Certaines ouvertures se bouchent, d'autres lui apporteront l'oxygène nécessaire à sa combustion.

Ce four est particulier. Non seulement il est beau mais selon le maître des feux, ses réactions sont proches de celles d'un être humain. Il a ses humeurs. Son caractère. Ils se connaissent comme de vieux copains. Comme nous il est sensible à l'environnement, à l'atmosphère, aux conditions ambiantes. Dynamique et puissant, il souffle et se gonfle. Là encore les bruits sont enivrants. Le bois qui claque, le vent qui s'engouffre, et toujours le chant des oiseaux.
La danse des flammes peut commencer...

Une fois le feu lancé... On peut discuter pendant 5 heures... La sixième et dernière ne sera plus que surveillance attentive, suivi de la courbe de cuisson, parfois même un peu d'anxiété tangible quand une "éprouvette" ne réagit pas comme elle devrait !

Le four s'alimente ensuite à la verticale avec de longues perches qui s'engouffrent et finissent par tomber au centre du foyer.

On notera au passage la cocotte posée sur le côté... La magie du bruit laisse sa place un court instant à celle du parfum des haricots...

Pour les cinéphiles qui se souviennent de la fin de "Mon nom est personne" (avec Terence Hill et Henri Fonda), je suis revenu des dizaines d'années en arrière... Jusqu'au bout de l'envoûtement. Terence Hill faisait réchauffer ses haricots sur le fourneau de la locomotive, nous on les a dégusté au coin du four. le charme était total.

J'ai parlé "d'éprouvettes" plus haut. J'aurais du dire une "montre" qui est le vrai nom des témoins de cuisson. La ronde des contrôles autour du four commence. On ouvre certaines fenêtres (à gauche, les fameuses "montres") :

Le maître des feux est tendu. Il restera circonspect jusqu'au lendemain où l'ouverture du four le libère de ses angoisses. Dedans il y a des commandes, des pièces de stagiaires et d'autres pour un important marché de potiers à venir. On sent bien l'importance du contenu. Allez, on laisse le four se reposer et oublier ses sortilèges de la journée.

Demain sera un autre jour...

Comments

[Guigu Nany]

C'est sûr que jusqu'à la fin, un problème peut se produire... ce doit être stressant en effet..d'autant plus quand ce sont des commandes... mon nom est personne, un film que j'adore... ;-)

[Vi revolte]

Merci pour ce super reportage photographique ! le four est magnifique ! J'ai hâte de voir ce qu'il en est sorti ! ;)

[angedra]

Interessante découverte concernant la technique de ce mode de cuisson des poteries. Mais le plus captivant reste ces gestes, ces attentions, ces attentes et l'on peut dire le cérémonial qui accompagne l'évènement !

On sent toute l'émotion que tu ressens au travers de ton reportage.

Très beaux moments

[Françoise]

Très intéressant pour la néophyte que je suis ! :-)

[Pastelle]

C'est génial ce four, ainsi que la manière dont tu en parles. Les photos sont très belles aussi.



Par contre j'ai un peu de mal à comprendre. C'est l'installation entière (la dernière photo de l'article précédent) qui se glisse dans le four ? Comment ? Il manque une petite étape dans ton reportage là pour les béotiens de la poterie. ;)



Et il a construit son four lui même ?



PS : Ils devaient être drôlement bons, ces haricots ! :)