Au détour du chemin qui longe la rivière, le moulin se dresse abandonné mais encore imposant. Il n’est pas délabré, pas envahi de végétation, il est juste inanimé, déshumanisé. On dirait qu’il dort… Je marche doucement pour le laisser assoupi. Un moulin qui se réveille sans aucun grain à moudre c’est un peu comme une nuit sans rêves, un baiser sans amour. Je fais très attention car je pense qu’il voit tout et qu’il entend tout. Il n’a que ça à faire depuis que les meules ne tournent plus. Seule l’eau continue de se faufiler entre les aubes et les herbes, impassible, éternellement vivante. La rivière, elle, ne dort jamais. Elle berce le moulin, lui chante sa désespérance de voir ses roues figées et son cœur à l’arrêt.
Commentaires sur Le moulin
- Beaucoup de poésie dans les mots que tu adresses à ce moulin comme s'il était un être humain. J'aime beaucoup...... "comme un baiser sans amour". Tu contribues à la découverte de ce petit patrimoine qui, hélas, n'intéresse que peu d'entre nous.
- Ton texte est beau, comme tous les autres que tu écris. Les maisons, moulins ou lieux abandonnés m'ont toujours rendue triste. Pourtant, j'ai moi aussi cette faculté de leur prêter une âme qui continue de vivre et de pouvoir me remémorer ce qui a pu être à leur période faste. Et je suis heureuse lorsque certains de ces lieux sont restaurés dans la même esprit afin de les faire revivre.
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