L'escalier
Des fois je monte et des fois je descends. En fait je suis souvent en plein milieu. Seul, je rêve que je gravis les marches. Aucune difficulté, j’arrive toujours le premier. Je sais quoi dire et quoi répondre. Arrivé en haut, au sommet de ma gloire en somme, on m’adule, me respecte et on m’envie. A l’inverse, face à une remarque désobligeante, je suis désemparé. Les bras ballants, bouche bée je sais que j’ai raison mais ne peux l’exprimer. J’aime les gens qui, comme moi, ont l’esprit qui se bloque l’espace d’un court instant, et sortent de la pénombre quand ils se retrouvent seuls. Ces instants sont détestables. On s’en veut, on s’insulte, on se méprise. D’autant qu’une fois en bas on met souvent peu de temps à remonter ; avec des arguments auxquels on n’avait pas pensé. On cloue son adversaire comme une chouette sur la grange. Oiseau de malheur, sûr de lui et bien aise dans ses propos, mais comment pouvait-il savoir que je ne pourrais répondre, étant né, comme beaucoup avec ce qu’on appelle : l’esprit de l’escalier ?