Déshérence
Certains murs de ma ville sont malades. Leurs fenêtres et leurs portes sont lourds d’histoire et de vécu. Ils ne se parlent plus, ne se répondent plus, ils se meurent dans l’indifférence… Ils sont victimes, comme les hommes, de l’administration, des procédures, des litiges et de l’argent. Mais les murs et les ouvertures n’y sont pour rien ; ils subissent, ils s’étouffent et pleurent sans que personne ne s’en rende compte. Savez vous qu’un mur est vivant ? Un mur ça protège, ça abrite, ça rassure. Sur un mur on peut accrocher des objets, des images ou faire des dessins. Un mur, on peut le percer, lui donner des coups de marteau, y planter des clous, il ne dira rien, jamais. Un mur c’est fort et solide. Une fenêtre, une porte c’est accueillant, c’est vivant. Une ouverture apporte le vent, la fraîcheur ou le soleil, derrière une porte, on peut trouver des gens, un enfant, un parfum, un sourire. Les fenêtres sont coquettes et parfois coquines, elles s’habillent de rideaux, de stores, de lumière et de transparence. Tous les trois sont indissociables, une porte et une fenêtre sans mur, ça n’existe pas. Alors, par pitié prenez soin de vos murs ; ne les laissez pas mourir, ils sont si beaux !