L'enchanteur
Dans ce bâtiment sont passés des dizaines d’individus. Des gens qui réclament de l’attention, de la tendresse et de l’écoute. C’est l’endroit où les personnes qui se sentent seules ou désespérées viennent chercher le réconfort. Assis sur ma chaise je les écoutais avec force concentration. J’imaginais leurs chagrins, leurs peines de cœur ou leur tristesse. Je me transposais, prenant à ma charge tout ou partie des maux qui les rongeaient. Puis un jour, je suis tombé malade. Pour le sens commun, je devais guérir, obligatoirement, puisque je guérissais les autres. L’évidence était de mise. Mais le sens commun ne s’occupait pas de l’enchanteur. Personne ne s’était même rendu compte de son état. Seuls leurs maux comptaient, toujours et encore enfermés sur eux-mêmes, au centre de leur monde, loin de tout, mais surtout loin de moi. La maladie m’a emporté. La chaise est restée vide et les gens sont partis vers un autre endroit, à la recherche d’un autre enchanteur, mais qu’importe puisque leur seule vérité est d’être victime.